Les 30 ans de l’Association Suisse de Shiatsu

Les premières années ont été marquées par la constitution de l’association. Les responsables ont élaboré des statuts et des bases organisationnelles. Dans ce processus, un travail détaillé et pénible alternait avec le développement de visions d’avenir puissantes. C’étaient là des extrêmes qui n’étaient pas toujours faciles à gérer. Mais le travail de cette jeune association a rapidement porté ses premiers fruits : certaines assurances maladie suisses ont reconnu les prestations des thérapeutes de Shiatsu, ce qui était unique en Europe à l’époque.

Les séances du comité des premières années étaient très conviviales. Lorsqu’un membre du comité devenait mère, elle amenait son bébé à la séance. Aujourd’hui, les séances de comité sont des réunions rigoureusement organisées où l’on traite cinq fois par an une multitude de points à l’ordre du jour. Le développement vers l’une des plus grandes associations professionnelles de thérapie complémentaire a inévitablement entraîné une professionnalisation organisationnelle.

Dès le début, une autre tâche principale consistait à faire connaître le Shiatsu au grand public. La méthode était expliquée, promue et présentée lors de salons. Il s’agissait également de se démarquer de l’ésotérisme. À cette époque, les thérapies corporelles étaient jugées ésotériques et l’on ne croyait guère à leur efficacité. Alors qu’aujourd’hui nous pouvons argumenter en nous appuyant sur des études scientifiques, au début, les membres de l’association ne pouvaient compter que sur leur force de persuasion. L’association a su trouver des réponses aux questions du public et a permis au Shiatsu de se hisser au niveau actuel.

En l’an 2000, les réalisations des premières années ont été célébrées à l’occasion du 10ème anniversaire lors de l’assemblée des membres. Après la partie officielle, la fête a continué dans la soirée au Kientalerhof. Les membres, le comité et le secrétariat ont fait une fête exubérante qui est restée longtemps dans la mémoire de tous les participant-e-s. Et dès le lendemain, le développement professionnel était à nouveau à l’honneur dans les cours et les ateliers du Kientalerhof.

Le développement professionnel
Au tournant du siècle, la mission centrale de l’ASS a changé. Si le travail de relations publiques a continué à jouer un rôle essentiel, le développement de la profession est devenu de plus en plus important. Dès le début, l’ASS s’est préoccupée de la standardisation de la formation des thérapeutes en collaboration avec les écoles de Shiatsu. Bien que chaque école puisse avoir sa spécificité, tous les cursus de formation doivent être du même niveau de qualité. C’est une norme à laquelle les écoles suisses de Shiatsu répondent pleinement.

Au niveau fédéral, une nouvelle loi sur la formation professionnelle est entrée en vigueur en 2004, permettant pour la première fois de réglementer des professions sans titres formels. En même temps, l’Office fédéral compétent a clairement indiqué que seul un nombre limité de professions pouvaient être reconnues dans ce secteur. Ainsi, les associations des différentes méthodes se sont efforcées de mettre au point un profil professionnel commun de la thérapie complémentaire tout en préservant les spécificités des différentes méthodes.

L’ASS a élaboré, en collaboration avec quelques membres, un premier profil professionnel et un règlement d’examen. Cependant, en raison d’imbroglios politiques, des retards sont intervenus. Le vote « Oui à la médecine complémentaire » en 2009 a encore changé la donne. L’approbation sensationnelle de l’initiative par la population a confirmé le travail des associations. Mais le profil professionnel a dû être retravaillé afin de le différencier de celui de la médecine alternative.

Une autre étape a été le développement de la structure de la formation. Il y avait un risque qu’un diplôme du degré tertiaire soit requis pour avoir accès au diplôme fédéral. Dans de nombreuses autres professions, l’académisation était en plein essor. Pour les thérapeutes de Shiatsu, il s’agissait de l’éviter. Néanmoins, la qualification devait se refléter dans l’architecture de la formation. Le parcours de formation en deux étapes constitué d’un Certificat de Branche et d’un Examen Professionnel Supérieur répondait à toutes les exigences de la Confédération et ouvrait une voie praticable pour les thérapeutes. Ainsi, la profession de thérapeute de Shiatsu, reconnue au niveau fédéral, a fait son entrée dans le XXIème siècle.

Un anniversaire sans célébration
Après avoir soutenu activement le développement professionnel, le moment était venu pour l’association de se consacrer à nouveau à ses missions essentielles. L’accent a été mis davantage sur le Shiatsu lui-même et sur la pratique professionnelle quotidienne des membres. Dans ce contexte, la pandémie du Covid-19 a mis l’association à rude épreuve. Les thérapeutes ont dû fermer leur cabinet pendant plusieurs semaines au printemps 2020 et les incertitudes étaient nombreuses pendant cette période. Les informations devenaient obsolètes en l’espace d’un jour, et le comité, ensemble avec le secrétariat, a fait de son mieux pour assurer le suivi des événements. Il était important d’apporter aux membres une aide adéquate de manière correcte et rapide. Grâce à un bon travail d’équipe, l’association a pu surmonter cette crise.

Les 30 ans de l’association tombaient exactement dans cette période. Un apéritif en l’honneur de l’ASS et de ses membres aurait dû avoir lieu lors de l’assemblée des membres. Mais il a fallu annuler l’événement en raison des mesures sanitaires. L’anniversaire est passé, mais nous espérons que la prochaine assemblée des membres en 2022 pourra avoir lieu sur place. Et dans trois ans, ce seront déjà 35 ans de réalisations que nous pourrons célébrer. Pour l’instant, nous gardons un souvenir tendre des débuts, une satisfaction des étapes que nous avons franchies et un regard plein d’espoir vers l’avenir.

Nous ne savons pas ce que les 30 prochaines années réserveront à l’ASS. Nous sommes toutefois convaincues qu’à l’avenir, la profession de thérapeute de Shiatsu continuera à avoir une grande importance dans le secteur de la santé. Les méthodes complémentaires continueront à consolider leur rôle de complément important à la médecine conventionnelle et à s’ancrer encore davantage dans le système de santé. Nous continuerons, en tant qu’association, à œuvrer dans ce sens avec toute notre énergie.